"Sortir de l'école et prendre la route... Aller vers le Parc Duden ou la gare de Forest, passer par la place Saint-Denis puis longer le parc du Bempt avec ses trampolines, ses petits trains à vapeur et ses canards. Revenir vers l'Abbaye et ses statues dorées, trouver au détour d'un chemin le joli parc Jacques Brel, sauvage et un peu « à l'anglaise » puis déambuler dans des anciens internats qui semblent abandonnés mais qui en fait ne le sont pas...parcourir Forest est une aventure en soi. Parcourir Forest avec une dizaine d'élèves curieux à ses côtés est encore une autre épopée. 

Armés de nos petits appareils photographiques, nous prenions ainsi la route vers ce qui nous semblait être un bon lieu à photographier. « Là il y aura des gens ! », « Moi je veux photographier la nature, les arbres, les fleurs », « Oh j'adore cet endroit, c'est tout près de chez moi ». Tout prétexte était bon pour aller capter ce que le quartier offrait de familier, de joli, d'étrange ou de particulier. Une photo par ci, une photo par là, quelques grimaces devant l'objectif et quelques selfies pour la forme puis l'aventure continuait, sous le soleil, exactement. 

Sous le soleil...mais sous la pluie, aussi. Mais Forest serait-elle Forest sans une petite pluie de circonstance ?

Forest serait-elle Forest sans une petite brume froide couvrant les quelques entrepôts et industries restantes ? Toute l'ambiance si particulière de cette commune ne se trouverait-elle pas dans ce mélange de brouillard et de lumière, dans cette alternance de verdure et de béton ?

Entre septembre et le mois de mars, de l'été indien au début du printemps, nous avons parcourus des kilomètres à travers les chemins, rues et ruelles de la ville, sous la pluie, le soleil et la neige naissante, à la recherche de Forest et de son identité. Nous avons photographié, dessiné, discuté, écrit et inventé des histoires sur ces endroits qui nous entourent au quotidien. 

Pendant plusieurs mois, je les ai observé observer. Certains ne s'arrêtaient plus de photographier, d'autres se posaient, cherchaient, scrutaient jusqu'à trouver le bon angle, la bonne lumière. Certains, soudain, devenaient poètes ou écrivains pendant que d'autres écoutaient et se promenaient, surtout.

Et puis, lors d'un dernier atelier, je leur ai demandé ce qu'ils avaient appris à travers toute cette aventure photographique. L'un d'eux a dit : « À s'exprimer ! » puis un autre de rajouter : « On a tous photographié la même chose mais on a plein d'images différentes...ça montre, au fond, que l'on a tous notre point de vue...on regarde la même chose mais avec des yeux différents ». "

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